350 vaches, 3 traites par jour et 12 salariés : une ferme laitière grand format où il fait bon vivre
À l’élevage des Rives d’Or, Luc Sassel et son équipe de 12 personnes gèrent le troupeau de 350 vaches laitières, et les trois traites journalières. Une organisation sans faille et de l’engagement collectif, le combo gagnant pour cette exploitation en constante recherche d’évolutions et d’innovations.
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« Tout ce que j’ai fait, c’est une ferme 100 % sur mesure », sourit Luc Sassel, éleveur sur la SCEA des Rives d’Or. « Une ferme qui nous ressemble, à Amélie et moi. » Il ne leur en fallait pas davantage pour trouver leur équilibre.
D’origine luxembourgeoise, il est arrivé en France avec ses parents à l’âge de 12 ans. Installé depuis 2017, il a repris la ferme de ses parents en 2018. À leur départ à la retraite, elle comptait 80 vaches laitières et 80 ha de SAU. Au fil du temps, il a fait évoluer la ferme familiale initialement « classique" pour atteindre 350 vaches laitières et 250 ha de SAU aujourd’hui.
Des idées venues d’ailleurs
Au premier coup d’œil, la devanture du « bloc traite » rappelle les exploitations typiques des pays du nord. C’est parce que Luc Sassel s’inspire de fermes allemandes, mais pas seulement ! « J’ai travaillé quelques années à l’étranger avant de m’installer ici et j’ai fait un peu mes armes dans la gestion de grands troupeaux en Allemagne. Des systèmes du nord-ouest du pays qui sont pour beaucoup passés de 50-100 à 300-500 vaches ces 15 dernières années. » De nombreuses exploitations, autrefois similaires à celle de Luc au moment de la reprise, en sont aujourd’hui à un système très proche du sien, une vraie source d’inspiration pour l’éleveur. « Et puis c’est bien connu, avec les Allemands, ça file droit et d’où une efficacité absolument redoutable », assure l’éleveur.
Avec Amélie, sa conjointe, Luc ne compte pas se reposer sur ses lauriers, malgré un système plus qu’abouti. Le couple reste à l’affût d’améliorations et d’innovations. « Un hiver sur deux avec ma conjointe, on retourne en Allemagne pendant quelques jours pour visiter des fermes, parce qu’on a des contacts là-bas et je parle couramment allemand », lance l’exploitant.
Avec modestie, Luc Sassel ne se dit pas « ingénieux ». « Je ne suis pas très inventif, je ne fais que copier ce que je vois, je transpose juste ce qu’il y a ailleurs. Par exemple, les logettes sable, j’ai vu ça aux États-Unis. J’ai demandé exactement les dimensions des logettes, l’arrêtoir derrière, la granulométrie du sable et puis je suis revenu et j’ai fait exactement ce qu’ils m’ont dit. J’ai eu un cahier des charges, je l’ai exécuté, point », certifie-t-il.
Un maître mot : l’organisation
Avec plus d’une dizaine de salariés sur l’exploitation, mieux vaut être organisé pour ne pas s’éparpiller, et pour cela, rien de mieux que des plannings un peu partout sur la ferme et… de la communication ! « On a des tableaux de suivi à plusieurs endroits, il y a les protocoles à disposition, et dès que c’est fait, on valide avec un pion aimanté, ça permet de savoir ce qui a été effectué », explique Luc Sassel.
Plus globalement, le tableau d’astreinte est mis à jour chaque week-end pour la semaine qui suit. « On a un groupe WhatsApp sur lequel je le propose et puis je modifie au besoin, comme ça, tout le monde sait qui travaille, quand et avec qui. Et puis je connais les préférences de chacun, il y en a qui préfèrent travailler le matin, l’après-midi… on s’arrange comme ça. » Il y a trois équipes de travail, celle du matin, qui commence à 5h et finit à 13h, l’équipe de l’après-midi commence à 9h30 pour finir à 18h30, et l’équipe du soir reprend de 21h à 23h.
À l’élevage des Rives d’Or, des plannings il y en a… … beaucoup ! L’équipe est informée des évènements grâce à un calendrier à la sortie de la salle de traite. « On y note les anniversaires de tout le monde, s’il y a des groupes de visites, les échographies, l’ensilage, les semis, ou si une journaliste vient sur la ferme », plaisante-t-il.
Enfin, il y a aussi un planning hebdomadaire qui regroupe les activités à faire toutes les semaines à jours fixes, ou les tâches à réaliser une fois par semaine mais quand on a le temps, toujours avec le système de validation par pions aimantés pour que tout le monde sache quand c’est effectué.
Ici, on voit bien que l’union fait la force ! « On arrive avec le nombre de personnes qu’on est et la diversité dans l’équipe à avoir une régularité au niveau des vaches 365 jours par an, que ce soit la semaine, le week-end, férié, Noël ou le Nouvel An. On commence à la même heure le matin, on est le même nombre de personnes, contrairement à beaucoup de gens qui ont une organisation de la semaine, une organisation du week-end, avec des compromis ou en faisant le boulot tout seul au lieu d’être à deux. »
Et que dire de l’engagement de l’équipe : sur le groupe WhatsApp, qui sert à communiquer les infos en tout genre, Luc a fait un sondage pour organiser le travail pendant les fêtes de fin d’année « C’est quand même formidable, les 24, 25 décembre et pour le Nouvel An, il y a plus de personnes qui répondent présent que nécessaire, ça, c’est de l’engagement, ça fait chaud au cœur ! », souffle l’exploitant.
Je mets un point d’honneur sur l’ambiance, le respect et le sentiment d’appartenance.
Même si différentes générations composent l’équipe, de la vingtaine à la soixantaine, Luc Sassel « met un point d’honneur sur l’ambiance, le respect et le sentiment d’appartenance. Tout le monde a des polos, des pulls au nom de la ferme, et pour Noël, on va leur donner un cadeau personnalisé estampillé de la même manière ».
Pour l’exploitant, on ne parle pas de salariés, mais d’une équipe ! « L’astreinte du matin finit vers 8h30, on prend le petit déjeuner tous ensemble avec l’équipe du matin, ceux qui commencent à 9h30 sont au petit déj à 9h, et là on parle un peu de tout et de rien, et on fait le planning de la journée. L’équipe de la journée mange en partie avec nous le midi. Aussi, on essaie de faire un barbecue et une raclette par an, ça permet de se voir vraiment tous, parce que l’équipe du matin ne voit pas beaucoup celle du soir par exemple ».
Et même les enfants sont intégrés au collectif ! « Le week-end ou le mercredi quand ils sont là, les enfants sont à table avec toute l’équipe. Parfois on a des salariés ou des apprentis qui logent à la maison, ils jouent avec les enfants. Tout ça, c’est très convivial. Pour moi, il faut que ça le soit, je l’ai trop mal vécu dans certaines fermes où tu te sentais comme le petit salarié », se souvient l’éleveur.
Une gestion de troupeau rondement menée
Pour ce qui est de la gestion du troupeau à la SCEA des Rives d’Or, les vaches laitières sont divisées en 4 lots :
- fraîches vêlées et infirmerie
- début lactation
- milieu lactation
- fin lactation
« Les lots début et milieu de lactation sont traits trois fois par jour ; la première traite de la journée a lieu de 5h à 8h, la seconde de 14h à 17h30, et enfin la dernière de 21h à 23h ». Les différents lots sont séparés en 4 zones distinctes du bâtiment, avec une ration complète distribuée à l’auge en fonction du lot : « il y a un lot à 50 kg de lait, un à 40 kg et le dernier à 30 kg ».
Même si le système est plutôt intensif, les vaches vont au pâturage à la belle saison. « Il y a 90 paddocks d’un hectare environ, gérés en pâturage tournant dynamique ». Encore une fois, chaque lot est conduit individuellement. « Le lot début lactation ne pâture pas du tout, parce que c’est un tout petit lot : les fraîches vêlées ça représente 8 à 10 vaches », déclare Luc Sassel, avant de poursuivre : « Les milieux de lactation pâturent un tout petit peu, elles sortent jusqu’à 4 kg de MS, et les fins de lactation pâturent beaucoup, elles sortent jusqu’à 10 kg de MS. »
Au bâtiment, les vaches ont le droit au confort des logettes creuses sable, un système importé des États-Unis, encore peu courant en France. « Chez nous, ce qui est particulier par rapport à d’autres, ce sont ces logettes creuses sable, avec les avantages et inconvénients qui vont avec. Au niveau confort des animaux, c’est le top : pas de gros jarrets, pas de tarsites, une bonne santé de la mamelle, et ça donne de l’adhérence dans les couloirs parce que les vaches mettent du sable un peu partout. Par contre, s’il y a bien un inconvénient, c’est l’usure des racleurs vu que le sable est abrasif et dans les fosses, au lieu de ne gérer que du liquide, il y a du solide en plus car le sable se dépose, alors on vide la fosse et après il faut épandre le sable à l’épandeur à fumier », explique l’éleveur. Côté entretien des logettes, elles sont remplies une fois par semaine, à hauteur de 10 kg de sable par vache et par jour, et un entretien journalier est réalisé.
Je me dis qu’avec plus, je serais mieux
Courant 2026, Amélie, la conjointe de Luc prévoit de s’installer. Avec ce projet d’agrandissement, l’exploitation atteindra les 350 ha de SAU et 420 vaches laitières à plus ou moins long terme.
Mais pour les exploitants, ce n’est certainement pas la course à la plus grande ferme du coin, mais plutôt une opportunité d’améliorer encore leur outil de travail ! « Je vois l’agrandissement comme un moyen d’avoir plus de roulement au niveau des salariés. Aujourd’hui, Amélie et moi on est responsables du troupeau, j’ai une salariée qui voudrait être responsable de troupeau après ses études mais je n’ai pas le nombre de vaches nécessaire ! Pourtant ce serait génial qu’on soit trois, quand on part tous les deux, il resterait quelqu’un qui connaît parfaitement bien les vaches. Aussi, aujourd’hui je suis très juste en surface d’épandage, donc je me dis qu’avec plus je serais mieux. Et puis mon espace « fraîches vêlées » est devenu trop petit, le fait de s’agrandir, ça permettrait d’améliorer tous ces points ».
Dans tous leurs projets, les exploitants n’oublient pas leur équipe « même si on a le dernier mot Amélie et moi, on demande l’avis de tout le monde dans chaque projet, on leur montre les plans et chacun donne son avis, comment ils voient les choses ».
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